Tenue entre le 30 novembre et le 13 décembre à Dubaï, la 28e Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP28) a rassemblé des dirigeants de gouvernements, d'entreprises, d'ONG et de la société civile pour trouver des solutions concrètes et préserver un climat vivable. Les coopératives ont été impliquées dans ces conversations avec des représentants coopératifs participant à une série d'événements.
Le 9 novembre, l'Organisation des coopératives brésiliennes (OCB) a organisé une table ronde sur le thème Les coopératives : alliées de la durabilité environnementale et de la sécurité alimentaire. Le message clé de l'événement, qui a eu lieu à Espaço Brasil lors de la COP28, était que la croissance durable doit impliquer les coopératives.
Modéré par la surintendante de l'OCB, Tania Zanella, le panel a mis en lumière les contributions des coopératives au développement socio-économique et à la croissance inclusive des communautés au Brésil, en Afrique et en Europe.
« La solution au changement climatique n'est pas seulement entre les mains des gouvernements et des organisations mais aussi entre les mains des gens ordinaires » a déclaré Mme Zanella. « Nous pensons qu'une participation active et consciente par le biais du coopérativisme est essentielle pour atteindre la neutralité carbone et ainsi faire face à ces défis de manière efficace et inclusive. »
Les participants ont également entendu Sebastião Nascimento de Aquino, membre du conseil d'administration de la Central Extractive Commercialization Cooperative in Acre (Cooperacre) qui a expliqué comment sa coopérative contribue à la préservation de la forêt amazonienne. Cooperacre est le plus grand producteur de noix brésiliennes transformées. Ses activités couvrent 18 municipalités et bénéficient à plus de quatre mille familles.
Dans l'État d'Acre, où la coopérative est basée, 87 % du territoire est constitué de forêt tropicale. « Nous sommes à la pointe de la production biologique et sans toxines et nous investissons dans la technologie et l'innovation pour garantir la qualité et la sécurité de nos produits » a-t-il déclaré.
Il a appelé à davantage de soutien financier, d'assistance technique et de ressources pour permettre aux coopératives comme la sienne d'accroître leur contribution à l'environnement.
Un autre paneliste, Marcelo Cerino, surintendant de la logistique intégrée chez Frimesa Cooperativa Central, a également participé à la table ronde et a fait part des initiatives de sa coopérative en matière de développement durable. Frimesa, l'un des plus grands producteurs de porcs et de produits laitiers du pays, se distingue par ses actions visant à réduire l'impact environnemental de ses activités. « Notre programme ESG prévoit d'atteindre la neutralité carbone totale d'ici 2040 » a-t-il déclaré. « Nous avons investi dans la production de biogaz, de biométhane et de CO2 biogénique, remplacé l'utilisation de combustibles fossiles et réduit les émissions de gaz à effet de serre de 33 %. Nous sommes considérés comme la deuxième organisation la plus innovante du Brésil et nos programmes comprennent également des investissements dans l'énergie solaire, la conservation des forêts et la réduction de la consommation d'eau potable. Nous avons 187 projets d'innovation en cours. »
Des mesures semblables sont prises par les coopératives de crédit brésiliennes, a expliqué Ênio Meinen, directeur de la coordination systémique et des relations institutionnelles à Sicoob, le plus grand système financier coopératif du Brésil. Il a décrit le rôle transformateur du secteur dans la construction d'un système financier inclusif et équitable. « Nous promouvons la prospérité de manière responsable. Nous considérons la durabilité comme une question stratégique et transversale. Nous soutenons l'entrepreneuriat innovant et l'économie du partage, des thèmes fondamentaux pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) et la paix sociale, un objectif majeur des Nations unies. »
Il a ajouté : « Des études montrent que, dans les endroits où les coopératives de crédit sont présentes, il y a une augmentation de 5,6 % du PIB, en plus d'une augmentation de 16 % des établissements commerciaux par an. L'inclusion financière que nous offrons a généré, entre 2016 et 2021, des économies de 17,4 milliards de dollars pour ceux qui nous ont choisis lorsqu'ils cherchaient des ressources pour leurs entreprises. »
Susane Westhausen, présidente de Cooperatives Europe, et le Dr Sifa Chiyoge, directeur général de l'ACI Afrique, ont également participé au panel. Mme Westhausen a affirmé que les coopératives ont à la fois « un cœur » et « un cerveau ». « Cette caractéristique rend le modèle d'entreprise plus démocratique et constitue la meilleure option si l'on considère que les questions climatiques doivent être abordées dans leur ensemble, avec une vision globale de la chaîne de valeur » a-t-elle déclaré.
Le Dr Sifa a expliqué que les coopératives font partie du mode de vie naturel en Afrique et a mentionné des initiatives menées par des coopératives africaines dans les domaines du recyclage des déchets solides, de la reforestation, de la réduction de l'utilisation des ressources fossiles et de la réutilisation des matériaux.
La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a également organisé un événement le 11 décembre pour explorer la contribution de l'économie sociale et solidaire aux ODD et le rôle de la politique commerciale. Parmi les intervenants figuraient Claudia Contreras, responsable des affaires économiques au Service du commerce, de l'environnement et du développement durable de la CNUCED ; Chantal Line Carpentier, responsable du commerce, de l'environnement, du changement climatique et du développement durable, Division du commerce international et des produits de base, CNUCED ; Cintia Kulzer, professeur adjoint, Département de l'innovation, de la technologie et de l'entrepreneuriat, Université des Émirats arabes unis ; M. Dhanush Dinesh, Chief Climate Catalyst, Clim-Eat ; et Fabíola Motta, directrice générale, Organisation des coopératives brésiliennes (OCB).
Mme Motta a expliqué que les coopératives constituaient un modèle d'entreprise différent, basé sur les personnes, qui favorise un développement inclusif. Le Brésil compte 4 600 coopératives regroupant 20 millions de membres. Elles génèrent plus de 520 000 emplois et sont responsables de 80 % de la production céréalière. Les coopératives de crédit brésiliennes constituent également le plus grand réseau de services bancaires du pays.
Mme Motta a également évoqué le rôle des coopératives brésiliennes dans le commerce international, en donnant l'exemple de la coopérative Aurora, qui appartient à 100 000 petits agriculteurs. Grâce à leur coopérative, ces agriculteurs peuvent commercialiser leurs produits dans 100 pays.
Un autre exemple cité est celui de Cooxupé, le plus grand exportateur de sacs de café au monde. La coopérative est composée de 18 000 membres qui exportent 6 millions de sacs de café par an.
« Ces coopératives donnent une voix à ceux qui n'en ont pas, permettent de partager des ressources et de mettre en œuvre des technologies et des pratiques de pointe » a-t-elle déclaré.
Elle a ajouté que même si les coopératives génèrent une prospérité collective et favorisent le développement social en même temps, elles ne sont pas connues ou reconnues par les gouvernements et les décideurs politiques.
« En ne sachant pas ce qu'est une coopérative et quel est son impact, les gouvernements perdent la possibilité de mettre en œuvre les objectifs de développement durable et de favoriser une économie plus juste » a-t-elle déclaré.
OCB travaille sur la sensibilisation au modèle tout en s'engageant avec les décideurs politiques pour les aider à comprendre les coopératives.
L'économie sociale a également fait l'objet d'une table ronde dans le cadre d'une série d'événements organisés au Pavillon de la transition juste à Dubaï, une initiative de l'OIT et de la Commission européenne. Intitulé Mettre l’humain et la planète au premier plan : Des écosystèmes d’économie sociale contribuant à une transition juste (verte et numérique) (téléchargeable au départ de Putting people and the planet first: Social economy ecosystems contributing to a just (green and digital) transition) l'événement a réuni plusieurs intervenants, dont Chantal Line Carpentier et Rie Vejs-Kjeldgaard (directrice de l'unité Entreprises de l'OIT).
Un autre événement en ligne organisé par l'Association européenne des banques coopératives (EACB) s'est penché sur la manière dont son secteur peut contribuer à la mise en place de systèmes alimentaires durables. Le rapport complet sur les discussions peut être lu sur le website de Co-op News.